"Argent. Une réforme est entrée en vigueur le 1er janvier : le blocage de la participation n’est plus obligatoire, et les PME profiteront plus facilement de l’intéressement. Les conseils de Laure Delahousse de l'Association française de la gestion financière.
Paris Match. Qu’est-ce qui change ?
Laure Delahousse. Les salariés ne doivent plus attendre cinq ans pour débloquer leur participation. S’ils le souhaitent, ils pourront la toucher tout de suite. Mais, dans ce cas, elle est imposée. Une seconde mesure accorde un crédit d’impôt de 20 % aux entreprises, y compris les plus petites, qui mettent en place un accord d’intéressement.
Comment fonctionne cet accord ?
L’entreprise s’engage à verser aux salariés un pourcentage, calculé sur l’évolution du chiffre d’affaires, les résultats, le niveau des stocks, l’indice de satisfaction des clients, etc. Cette somme ne supporte ni impôts ni charges sociales (hormis un forfait de 2 %). Elle est déductible du bénéfice imposable, et, en plus, l’entreprise a droit à un crédit d’impôt de 20 % du montant attribué aux salariés.
Un exemple ?
Si un commerçant réalise 20 000 € de bénéfices et en donne 1 %, soit 1 000 €, à chacun de ses deux employés, sa société n’est imposable que sur 18 000 € et le crédit d’impôt est de 400 €. Il ne paiera que 5 540 € d’impôts, au lieu de 6 600 € s’il n’avait pas versé d’intéressement.
Quels sont les avantages pour les employés ?
L’intéressement, comme la participation, n’est pas imposé, sauf s’il est perçu tout de suite. De plus, si les salariés placent leur intéressement sur un plan d’épargne entreprise (PEE) ou un plan d’épargne retraite collectif (Perco), l’employeur peut leur verser une somme supplémentaire appelée “abondement” (qui peut aller jusqu’à 300 %), elle aussi nette d’impôts et de charges sociales (excepté la CSG...).
Mais l’argent est alors bloqué ?
Oui, l’épargne d’un PEE est bloquée cinq ans, celle d’un Perco jusqu’à la retraite, sauf cas exceptionnels.
Que conseillez-vous aux salariés ?
Vous avez tout intérêt à épargner votre intéressement et votre participation. Si vous êtes imposable, la question ne se pose même pas, et encore moins si vous avez droit à un abondement de votre entreprise. A partir du 1er janvier, l’employeur peut en verser aussi en complément de la participation. Renseignez-vous.
Mais si l’on a besoin de cet argent ?
Faites le point. Regardez ce que vous avez à la banque : livret A, plan d’épargne en actions, assurance-vie, sicav monétaires ou boursières sur un compte titre, etc. L’épargne salariale est le placement le plus intéressant sur le plan fiscal et celui qui coûte le moins cher en frais : pas de droits de garde, pas des commissions à l’entrée et des frais de gestion négociés par l’entreprise, donc au prix de gros. Votre intérêt est de privilégier cette épargne, donc d’y toucher en dernier.
Et, vu le contexte actuel, de la placer sur des supports sécurisés ?
Pas forcément. Si vous n’en avez pas besoin avant cinq ou dix ans, optez pour un fonds appelé “dynamique” ou “croissance” plus ou moins investi en Bourse. Le niveau des marchés étant bas, c’est un point d’entrée intéressant. Quitte à rebasculer votre épargne vers des placements sûrs à l’approche de l’échéance que vous vous êtes fixée. Certains organismes proposent d’ailleurs une “gestion pilotée”, en fonction de vos objectifs.
* Organisation professionnelle de l’industrie de la gestion financière : www.afg.asso.fr"
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